Narthe
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Narthe déesse de la guerre.
 
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 Récits des coins d'ombre [AP]

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St*Lily
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St*Lily


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MessageSujet: Récits des coins d'ombre [AP]   Récits des coins d'ombre [AP] Icon_minitimeLun 11 Jan - 2:54

Chut !

(aussi disponible ici).

Parce que Papa arrive, je me cache. C'est comme ça qu'elle m'a dit de faire Maman. Elle vient me chercher à l'école après la sieste et elle me ramène à la maison en me rappelant que si jamais il arrive quelque chose, je dois aller à vélo chez la dame qui vend des pains au chocolat. Et puis là elle range mon Doudou dans ma chambre et elle me donne à goûter. Il ne faut pas que je me salisse sinon Papa va se fâcher. Et puis quand la voiture de Papa arrive, – je sais reconnaître le bruit qu'elle fait maintenant – je vais vite dans ma chambre. Je m'assois par terre avec Doudou même si c'est froid et je dessine en chuchotant avec lui. Doudou est mon meilleur ami ! Il est toujours avec moi depuis que je suis née. C'est avec lui que je joue tout le temps. Plus tard, je me marierai avec lui et on fera des dessins pour Maman jusqu'à la fin des temps. J'aime dessiner avec Doudou, même si on est par terre et qu'on a froid. Après l'école, je dessine jusqu'à ce que Papa soit en colère. Je dessine jusqu'à ce que je l'entende crier sur Maman. Je ne comprends pas tout le temps ce qu'il dit. Des fois, il parle des sous, des fois des assiettes. Je ne comprends pas moi. Mais quand ma Maman se met à pleurer fort et à supplier, je pose mes feutres et mes crayons et je me bouche mes oreilles avec mes mains. C'est ce qu'elle m'a dit de faire, Maman. Au début, je pleurais très fort en même temps qu'elle et Papa était encore plus énervé et il me faisait mal. Alors Maman m'a dit de me boucher les oreilles pour ne plus l'entendre. Mais j'entends toujours un peu. Et je ne dois pas faire de bruit. Alors je pleure en silence, parce que si je pleure trop fort, c'est après moi que Papa il va crier et Maman elle va encore avoir mal. Moi je ne veux pas que Maman ait mal à cause de moi. Je l'aime ma Maman. Aujourd'hui, Papa est très en colère. J'entends vite les cris de Maman. Ils sont plus forts que d'habitude. Alors je serre encore plus fort mes mains autour de ma tête. Mais j'entends encore. Les bruits se rapprochent, je les entends de plus en plus fort.
« Non ! Laisse-la ! Ne lui fais pas de mal ! »
- La ferme ! Où est cette fichue gamine ?
Maman ne répond pas. Quand Papa demande ça, c'est qu'il va se fâcher contre moi. Je ne sais pas ce que j'ai fait pour qu'il soit aussi en colère mais ça doit être grave. J'entends un bruit de verre cassé, puis un autre. Arrêtez ! J'ai envie de crier. Il faut qu'ils arrêtent ce bruit qui me fait mal aux oreilles ! Mais je ne dois pas faire de bruit. Alors je me tais et je serre Doudou dans mes petits bras de toute mes forces. N'aie pas peur Doudou. Je te protège. Les cris de Maman semblent tout près. J'entends cogner contre le mur. Alors je me lève avec Doudou et on va dans la penderie. Chut Doudou ! On referme la porte sans bruit et on se plaque contre le fond en attendant que ça passe. Je n'ai pas peur parce que Doudou est avec moi. Mais Papa frappe Maman. J'entends sa main claquer contre sa peau. Et je l'entends lui dire des gros mots. Ma Maman a mal. Doudou a peur. Alors je pleure, de plus en plus fort. Et Papa ouvre très fort la porte. Je crie mais ne lâche pas Doudou. Papa est tout rouge. Maman est par terre. Elle saigne. Je pleure encore plus. Papa attrape ma main très très fort et me sort de ma cachette. Maintenant, je pleure et je crie parce qu'il me fait mal. Mais il serre encore plus fort. Maman le supplie de me laisser. Elle dit que je n'ai rien fait. Pourtant, j'ai du faire quelque chose de mal pour que Papa m'en veuille autant. Il m'attire vers lui et me secoue par le bras tellement violemment que je tombe par terre. Il m'attrape par les cheveux pour me relever. Ma main lâche Doudou pour essayer d'empêcher Papa de me faire mal. Mes larmes m'empêchent de voir. Doudou n'est plus dans mes bras. J'ai peur ! Et j'ai mal ! Je veux Doudou ! J'essaie de griffer et de mordre pour qu'il arrête mais c'est encore pire. Doudou est par terre et moi je suis toute seule avec Papa. J'entends Maman qui essaie de me défendre et de me rassurer encore et toujours mais quand elle parle, Papa la frappe encore. Elle finit par se taire. Papa me gronde fort. Il tape mes joues et me secoue dans tous les sens. Je ne comprends pas ce qu'il me dit alors je continue à pleurer et lui il continue à tirer mes cheveux et à serrer mes poignets et à me taper. Il me balance contre le sol. Son pied tape mon ventre et me coupe le souffle. J'arrive plus à respirer. J'étouffe. Et j'ai mal ! Tout partout. Je pleure encore, et encore, et encore. Papa s'en va en jurant. Je ne l'entends pas. Je souffre. Maman se traîne jusqu'à moi et me serre contre elle. Je m'endors en pleurant, par terre, contre son corps chaud.

Je fais des rêves affreux. Je vois Papa qui frappe le corps de Maman. Et Maman est toute pleine de sang. Pourquoi Papa nous a puni ? Pourquoi il a fait mal à moi et à Maman ? Je suis une méchante petite fille. Il n'y a que ça pour expliquer que lui soit aussi méchant avec moi. Quand je me réveille, j'ai très mal partout. Et j'ai froid aussi. Mon ventre et ma tête me font souffrir. Mes poignets aussi. Ils sont tout bleus. J'ai mal... Les bras de Maman sont toujours autour de moi. Je me serre contre elle parce que j'ai froid. Mais elle aussi elle a froid. Elle est gelée, comme un esquimau. Et Doudou ? Où il est mon Doudou ? Je le vois ! Je quitte le câlin de Maman et rampe vers Doudou. Le bras de Maman tombe lourdement par terre. Je regarde Maman. Elle dort encore. Je retourne vers elle avec Doudou.
« Maman ! Réveille-toi, »
Maman ne répond pas. Elle ne bouge pas. Peut-être qu'elle est très fatiguée !
« Maman ! J'ai mal au ventre Maman ! Allez ! Lève-toi ! »
Elle ne bouge toujours pas. Ses jolies joues sont bleues, ses yeux violets et gonflés. Des traces de sang salissent son beau visage. Je recommence à pleurer, mais moins fort qu'hier. Pourquoi Maman ne se réveille pas ? Je la pousse. Elle tombe sur le dos. Maman !
« Réveille-toi ! Maman ! MAMAN ! »
Je la pousse encore de toutes mes forces mais sans résultat. Je la tape un peu, mais pas fort parce que je ne veux pas lui faire mal. Elle est toute froide et elle ne se réveille pas. J'ai beau l'appeler, la supplier, la secouer, elle refuse de se réveiller. Je serre Doudou contre moi. Je crois que j'ai réveillé Papa... Je regarde Doudou.

On sort de la maison sans bruit parce que sinon on va se faire encore gronder. Et après, il va nous frapper. Doudou est au chaud dans mes bras. Maman a dit d'aller voir la dame. Alors j'obéis. Dans le jardin, je monte sur mon petit vélo rose. Il fait presque jour. Je pose Doudou dans mon panier. Il aime bien dormir sur mon vélo à quatre roues. Moi je pédale le plus vite possible pour ne pas que Papa nous rattrape. Même si mes mains, mon ventre et ma tête me font mal, je continue. Maman dit que je suis une petite fille courageuse. Alors même si j'ai mal, je continue. Je roule sur le trottoir, comme Maman m'a appris. Et j'essaie de regarder des deux côtés avant de traverser. Mais j'oublie parfois. C'est quand on traverse une grande route que Doudou tombe de son panier. Mon Doudou ! Je m'arrête et descends vite de mon vélo pour le ramasser. La route écorche mes pieds nus mais c'est pas grave. Doudou va se faire écraser s'il reste là. Je ne veux pas que Doudou ait mal ! Je me penche pour le ramasser. Un klaxon effrayant sonne près de moi. Je lève ma tête pour voir deux lumières aveuglantes...
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St*Lily
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MessageSujet: Re: Récits des coins d'ombre [AP]   Récits des coins d'ombre [AP] Icon_minitimeSam 13 Fév - 0:14

Les mots les plus beaux.

(Egalement disponible ici).

Note : il s'agit du premier des Cent Discours de l'épreuve éponyme. Thème : Je t'aime.



Le temps n’a de valeur que lorsqu’on en manque. Il peut être un allié fidèle à un instant et le pire des ennemis l’instant d’après. Il s’allonge lorsqu’on attend de lui qu’il courre et se précipite quand on voudrait qu’il s’arrête. Les bons moments ont une fin, les mauvais s’éternisent. Les instants d’angoisse sont longs, ceux de bonheur trop courts. Comme ce moment que j’attendais avec tellement d’impatience, ce moment que m’a volé Chronos, ce moment qui ne viendra jamais. Je ne parviens pas à m’y faire. Chaque seconde de cette journée passe en boucle dans ma tête. Les moindres détails me reviennent. Le soleil venu chatouiller nos visages au réveil, l’odeur du café chaud, le goût des croissants, la couleur de la nappe, celle de ta serviette de bain, la douceur de la crème que tu étales sur ta peau blême, tout est resté dans ma mémoire. Je les garde précieusement, jalousement.

Je pensais avoir le temps de te faire languir, je croyais pouvoir attendre un peu. En réalité, j’avais peur, peur que tu me rejettes, peur que tu ne sois pas comme moi au final. Après tout, tu ne savais pas. Et je ne savais pas non plus. Pourtant, j’avais compris. En te voyant traverser le couloir, emmitouflée dans ta serviette de bain bleue, j’avais compris. En regardant les gouttes glisser le long de tes jambes fines, j’avais compris. En suivant des yeux ta silhouette svelte, j’avais compris. Une amie, c’était ce que tu étais. Mais en réalité, tu étais plus que cela. Tu n’étais pas seulement une amie, ni même mon amie. A mes yeux, tu étais plus que cela. Mais j’avais peur, peur que tu ne comprennes pas, peur que tu me repousses. Je ne pensais pas pouvoir supporter ce rejet. Alors j’attendais que l’occasion se présente pour te faire part de mes émotions. Et tu ne semblais rien remarquer.

Pourtant, je remarquais tout chez toi. Je te connaissais par cœur, des pieds à la tête. J’aurais pu te reconnaître parmi mille. Je savais tout de toi comme tu savais tout de moi. Lorsque tu étais nerveuse, tu jouais avec tes longs cheveux blonds. Quand tu ne savais que faire, tu mordillais discrètement ta lèvre. Lorsque tu étais triste, tes lèvres souriaient toujours mais les ridules au coin de tes yeux se tordaient. Je savais dès que je te voyais quelle était ton humeur. Rien ne m’échappait.

Je ne comptais plus les nuits que nous avions passées ensemble. Je n’imaginais pas que cela puisse avoir une fin. Mais je savais que si je ne me lançais pas, quelqu’un d’autre le ferait dans son propre intérêt. Alors j’ai tergiversé durant des jours entiers. Me confier ou me taire, je ne savais pas. Mais j’avais fini par décider. Je m’étais enfin décidée à te parler. Il le fallait. Je devais en avoir le cœur net. Je suis rentrée tôt ce jour-là. Je ne voulais pas prendre le risque d’arriver après toi. Je t’ai appelée, te demandant de rentrer directement à l’appartement. Et je t’ai attendue. Les secondes se sont égrainées avec une lenteur exagérée. J’ai tourné en rond dans le salon, faisant les cent pas jusqu’à la fenêtre. J’étais nerveuse. Le temps m’a semblé s’étirer à l’infini, jusqu’au moment où le sommeil est venu me cueillir.

Puis tout s’est accéléré. Le téléphone a sonné au petit matin. J’ai décroché. On m’a parlé. J’ai raccroché. J’ai pleuré. J’ai hurlé. J’ai prié. J’ai eu mal. Je me suis rendue à l’hôpital. On m’a montré un corps. Ton corps. Je le connaissais par cœur. Je suis tombée. Et aujourd’hui, je me tiens debout devant cette boîte de bois remplie de velours dans laquelle tu gis. Je te vois et je regrette de n’avoir pas compris avant. Je regrette d’avoir pris le temps de comprendre. Je regrette de ne pas avoir parlé avant. Je regrette d’avoir pris le temps de réfléchir. Des mots attendent en travers de ma gorge. Je vais te les dire. Mais tu ne pourras les entendre. Je suis désolée de n’avoir pas parlé avant. Peut-être que si je l’avais fait, tu ne serais pas rentrée immédiatement et n’aurais pas eu cet accident. Ces mots, je te les dois, même s’il est trop tard.

« Je t’aime ». Ce sont les plus beaux mots qui peuvent sortir des lèvres humaines. Je t’aime. C’est la déclaration d’un cœur à un autre, celle qui brise la glace, celle qui rend heureux, celle qui fait mal. Je t’aime. Ce sont les mots les plus beaux que le temps combat ardemment. Je t’aime.
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